Un enseignant qui ouvrait l'esprit de ses élèves au vivre ensemble et à la liberté d'expression a été assassiné à nos portes. Cela nous rappelle le danger des idéologies réactionnaires, à ne pas confondre avec les religions dont elles se réclament abusivement. Plusieurs rassemblements ont rendu hommage à Samuel Paty, dont un devant la préfecture, où la FCPE95 a prononcé une très bonne analyse, à lire ici : https://www.fcpe95.com/wp-content/uploads/2020/10/20201019-conflans.pdf

Dans un monde si violent, que peut notre commune, à sa modeste échelle ? Créer des liens, de l'unité, de la solidarité. 

Prenons l'Espace Jeunes. Il a publié son bilan 2019, où on lit qu'il veut "promouvoir les valeurs de la République". Ses activités sont généralement gratuites mais, pour chacune, si on ne paie pas autre chose à côté, on n'est pas prioritaire. Le nouveau maire veut proposer aux jeunes n'ayant pas de quoi payer d'accomplir des tâches sur la commune pour gagner un peu d'argent. C'est mieux mais on reste dans l'échange marchand, le donnant-donnant. Et ça, beaucoup ne réalisent pas à quel point c'est contradictoire avec les valeurs de la République.

Votre famille, vos amis, vos voisins, vous les faites payer ? Si votre voisin vous demande du sel, vous ne lui demanderez rien en retour. S'il s'évanouit devant chez vous, vous laisserez vos activités et veillerez sur lui jusqu'à l'arrivée des secours. Même quand on "prête" à ses proches, on ne tient pas un compte précis avec des échéances à respecter. Même un commerçant, si vous commencez à sympathiser, vous fera parfois crédit ou vous rendra de petits services non facturés. C'est ça, être un voisin. C'est ça, créer des liens. Payer, faire payer, c'est au contraire le signe qu'on ne s'intéresse pas à l'autre, qu'on ne veut rien lui devoir et qu'on n'en attend rien dans l'avenir. On est quitte, on se quitte, on devient des étrangers les uns pour les autres.

Toute communauté repose là-dessus : des échanges non terminés, le plaisir d'aider, la confiance que l'autre nous aidera à son tour si besoin. Quand la République marchandise tout, quand par exemple elle abandonne les hôpitaux et, en pleine crise sanitaire, décide que vous devez désormais payer pour aller aux urgences, alors elle ne repose plus sur rien et, après une phase de chacun pour soi, ce sont d'autres types de communautés qui émergent spontanément. 

Tout n'a pas à être gratuit. Débattons de ce qui entre dans ce cadre ou non. Mais ce qui veut promouvoir les valeurs de la République doit assurément l'être.

Brice Errandonea

Jouy-le-Moutier en commun